Le reportage diffusé sur Attessia TV dans un hôtel réservé à des personnes placées en quarantaine et où la journaliste n’a pas hésité à proférer des insultes à l’encontre d’une personne résidente dans ce lieu a suscité révolte et indignation. Dans un paysage médiatique livré de plus en plus à lui-même et où les règles professionnelles ne sont plus respectées, il y a de plus en plus de dérapages qui restent malheureusement impunis. On ne sait plus où l’on va, ni avec quelle stratégie, notamment avec tous les dépassements dont le paysage est devenu l’otage. Le constat peut ne pas surprendre. D’ailleurs, il ne choque pas. Oui, le milieu dans lequel nous travaillons ne nous emballe pas. Encore moins beaucoup de ses acteurs. C’est l’issue inévitable d’une activité qui n’aspire pas à un nouveau statut. Notamment en l’absence des dispositions requises.
Certes, la chaîne Attessia TV a présenté des excuses, mais ce qui est vraiment inquiétant, c’est que certains esprits attentistes et trompeurs veulent profiter de chaque malaise, de chaque crise, pour ressurgir, pour se frayer une place qui n’est pas, et qui ne sera jamais, de leur ressort. Ils amplifient les situations afin de montrer que les autres ont tort et ne sont pas en mesure de bien gérer.
Il faut dire qu’au-delà des constats, les dépassements et les excès continueront toujours à peser, voire à conditionner la réalité du paysage médiatique tant qu’on n’a pas trouvé les solutions adéquates et pris les décisions nécessaires. Au fait, nul ne peut s’approprier le monopole de tout un secteur, et l’on ne devrait pas accepter que certains fassent de la récupération par rapport à ce qui se passe actuellement. Mais en même temps, il serait bon que l’on clarifie les positions. Il ne s’agit pas de faire le procès des personnes, mais plutôt de tout un système et une politique médiatique qui ne sont plus adaptés à la réalité d’aujourd’hui. Les pratiques professionnelles ont évolué non seulement sur le plan technique, mais surtout déontologique. Mais la manière de gérer chez nous ne suit pas. Au-delà des contraintes et des obligations que cela génère, les comportements doivent aussi évoluer afin d’apaiser un climat de plus en plus tendu du fait des enjeux et des pressions qui sont connus de tous. Stop aux petites phrases, à la langue de bois, aux discours défaitistes.
L’idée de repartir sur de nouvelles bases et une politique complètement différente est toujours là, mais, c’est sans compter avec les dérives qui font basculer le paysage médiatique dans des considérations hors normes. Il est aujourd’hui difficile de résoudre l’équation presque impossible entre l’essentiel et l’accessoire.
Pour avoir fermé les yeux sur tout ce qui constitue une source de nuisance, pour avoir été dépassées par les événements, la Haica et les différentes politiques gouvernementales relatives aux règles fondamentales du journalisme, ainsi que l’inertie de l’appareil ont entraîné des dérives et des dérapages en tous genres. C’est dire à quel point on n’a pas vraiment conscience de la réalité. Il faut ramener autour de la profession un climat plus serein et assainir le métier.
Le paysage médiatique offre aujourd’hui les contours d’un abandon évident des principes et des fondamentaux. Il y a toute une réflexion à faire à ce sujet. Responsables et différents acteurs, voici qu’apparaît devant chacun de vous des manquements sur lesquels les débats sont plus que jamais ouverts…